J’aime le football quand il y a des buts. Mais après les révélations du Guardian sur les milliers de morts dans les chantiers qataris, je ne regarderai pas les matchs à la télévision.
Contrairement à la Norvège et d’autres, le gouvernement français, la fédération française de football, la FIFA ne bougeront pas. Ils ont trop d’amis affairistes ou vendeurs d’armes intéressés.
Les joueurs iront au Qatar ou n’iront pas, ils feront ce qu’ils veulent, ils sont adultes. Ils prendront leurs responsabilités.
Je ne regarderai pas les matchs et je boycotterai les fabricants de boissons pétillantes, de chaussures, de portables… qui feront de la pub sur les stades ou sur les chaînes de télé avant et pendant les matchs. Et je vous encouragerai à en faire autant.
Les journalistes sportifs, dans leur café du commerce de beaufs, se moqueront des Norvégiens qui disent qu’ils vont boycotter la Coupe du monde parce qu’ils n’ont aucune chance de se qualifier. Ils diront que tous les morts ne l’ont pas été en construisant des stades mais quelquefois des routes ou des ponts (pour aller au stade).
Ils diront qu’il y a eu quand même des progrès dans la situation des travailleurs immigrés alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds hors du stade ou de leur hôtel pour visiter un quartier populaire. Ils ont fait déjà le même coup au sujet de l’Afrique du Sud quand l’équipe de France de rugby n’hésitait pas à rompre le boycott international et à cautionner l’apartheid. Mais ne les soupçonnons pas tous d’être achetés par l’émir, c’est peut-être simplement un réflexe de caste. Ils ont l’impression qu’on s’attaque à leur gagne-pain. Pour paraphraser Clémenceau, il semble que le journalisme sportif soit au journalisme ce que la musique militaire est à la musique.
Je ne regarderai pas les matchs à la télé.
